Page:Tolstoï - Katia.djvu/138

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sur moi. Et ces souvenirs, ces espérances, le bonheur et la tristesse se confondaient pour moi en un seul sentiment solennel et doux à la fois, avec lequel cadraient cet air vif et immobile, ce calme, cette nudité des champs, ce ciel pâle, dont les rayons brillants, mais affaiblis, essayaient en vain de brûler mes joues. Je me persuadai que celui qui m’accompagnait comprenait, lui aussi, mes sentiments et les partageait. Il marchait à pas lents et en silence, et sur son visage, que je regardais de temps en temps, se peignait cet état intense de l’âme qui n’est ni la tristesse ni la joie et qui était en harmonie avec la nature et avec mon cœur.

Tout à coup, il se tourna vers moi, et je vis qu’il avait quelque chose à me dire. Eh quoi ! s’il allait ne pas me parler de ce qui occupait ma pensée ? Mais précisément il me parla de