Page:Tolstoï - Katia.djvu/143

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voiture, je contemplais au loin par la portière les champs inondés de lumière et la route qui semblait fuir. Et sans le regarder, je sentais néanmoins qu’il était là tout contre moi. « Voilà donc tout ce que n’apporte cette première minute dont j’attendais tant de choses ? pensai-je, et j’éprouvai tout à la fois une humiliation et une offense de me trouver assise ainsi seule avec lui et si près de lui. Je me retournai de son côté avec l’intention de lui dire n’importe quoi. Mais aucune parole ne sortit de mes lèvres ; on eût dit qu’il n’y avait plus en moi trace de mon ancienne tendresse et que cette impression d’offense et d’effroi l’avait toute remplacée.

— Jusqu’à cet instant je n’osais toujours pas croire que cela pouvait être, répondit-il doucement à mon regard.