Page:Tolstoï - Katia.djvu/259

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commençait à faire sombre ; un nuage de printemps estompait le ciel pur où s’allumait déjà le feu d’une petite étoile. Le vent était tombé et pas une feuille, pas une herbe ne frissonnait ; l’odeur des lilas et des merisiers, si puissante que l’on eût dit que l’air tout entier fleurissait lui-même, se répandait par bouffées sur le jardin et sur la terrasse, tantôt en s’affaiblissant et tantôt en se renforçant, et donnait l’envie de fermer les yeux, de ne plus rien voir ni rien écouter, et de se borner pour toute sensation à respirer ce doux parfum. Les dahlias et les touffes de rosiers encore sans feuilles, alignés immobiles dans la terre noire et fraîchement bêchée de leurs corbeilles, semblaient élever avec lenteur leurs têtes sur leurs tuteurs blanchis. De leur côté, les rossignols s’envoyaient au loin des cadences inter-