Page:Tolstoï - L’École de Yasnaïa Poliana, 1888.djvu/146

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mot qui échappe à l’élève. Il trouve presque toujours le mot quand il a trouvé l’idée. En outre, le rapport juste du mot avec l’idée et la formation de nouvelles idées constituent pour une âme d’enfant des phénomènes si complexes, si mystérieux, si délicats, que la moindre intervention apparaît comme une force rude, incohérente, qui arrête le progrès du développement.

« Comprendre », c’est bientôt dit ; mais tous ne comprennent pas, et que de choses différentes on peut comprendre dans le même temps, en lisant le même livre ! Tel écolier qui ne comprendra pas deux ou trois mots d’une phrase saisira la plus fine nuance d’une idée, et sa liaison avec les précédentes. Vous, le maître, vous appuyez sur un certain point de vue, mais, ce que vous prétendez expliquer à l’élève, l’élève n’en a pas besoin. Parfois il vous a compris, sans pouvoir vous montrer qu’il vous a compris, mais, dans le