Page:Tolstoï - L’École de Yasnaïa Poliana, 1888.djvu/16

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homme expérimente la pédagogie libre et mutuelle sur un village de cent feux. Elles sont décisives. Le maître n’y joue d’autre rôle que celui de renseignement permanent, de dictionnaire vivant, accessible à tous, que chaque curiosité consulte ou même néglige, selon le tempérament propre de l’enfant, son caprice ou sa bonne volonté. Oh ! le tempérament, comme Tolstoï le respecte ! Comme il craint de le fausser et de dévoyer les originalités du caractère qu’il annonce ! Autant d’hommes que d’hommes, dit la nature, et la société vit de cette diversité. En voilà un au moins qui ne verse pas dans l’erreur mortelle de la moyenne ! À l’arbre de science, aux fruits amers, chacun s’adresse à la branche qui est à sa portée, et la gloire de Tolstoï est d’avoir découvert que cet arbre était dans un jardin.

Est-ce donc une chose que nous ne connaîtrons jamais, élèves mornes du double moine d’Héloïse, que ce respect de la nature dans l’enfant, et n’aurons-nous toujours pour idéal pa-