Page:Tolstoï - L’École de Yasnaïa Poliana, 1888.djvu/97

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ment sera bien loti, quand tous voudront être penseurs et artistes, quand nul ne travaillera plus ! » Ceux-là avouent franchement qu’ils n’aiment pas à travailler, et c’est pourquoi il faut qu’il y ait des gens qui, nullement incapables d’un autre genre d’activité, travaillent, comme des esclaves, pour les autres. Est-il bon, est-il mauvais, est-il nécessaire de les faire sortir de leur sphère ? — Qui le sait ? Et qui peut les faire sortir de leur sphère ? C’est absolument comme en matière purement mécanique : est-il bon ou mauvais d’ajouter du sucre dans la farine, ou du poivre dans la bière ? Fedka ne sent point le froid qui le mord à travers les déchirures de son caftan, mais les problèmes nouveaux, les doutes, le tourmentent ; et vous voulez lui donner trois roubles, le catéchisme, et l’historiette comme quoi le travail et l’humilité, dont vous ne voulez à aucun prix pour vous-mêmes, sont seuls utiles à l’homme ! Il n’a pas besoin de