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façon quelconque, sans efforts, ce qui ne s’atteint que par l’effort.

S’expliquer, par ses propres efforts, son rapport envers le monde et s’y tenir, établir son rapport envers les hommes, en se basant sur cette loi éternelle : « ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas que les autres te fassent », réprimer ces mauvaises passions qui nous livrent au pouvoir des autres hommes, n’être ni le maître ni l’esclave de personne, ne pas feindre, ne pas mentir, ni par crainte ni par lucre, ne pas éluder les exigences de la loi suprême de la conscience, tout cela exige l’effort.

S’imaginer, au contraire, que l’institution d’une certaine forme de gouvernement amènera, par une voie mystique quelconque, tous les hommes, et soi-même dans ce nombre, à l’équité et à la vertu, et, pour arriver à cela, sans aucun effort de la pensée, répéter ce que disent les hommes d’un parti, s’émouvoir, discuter, mentir, feindre, insulter et se battre, tout cela se fait de soi-même, sans qu’il y ait besoin d’efforts. Les hommes veulent tellement qu’il en soit ainsi, qu’ils se persuadent que cela est.

Et alors, voilà une théorie d’après laquelle on tâche de prouver que les hommes peuvent, sans

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