Page:Tolstoï - La Foi universelle.djvu/121

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plaidant votre manteau, donnez-lui encore votre chemise ; si quelqu’un vous frappe à la joue, tendez-lui l’autre joue ; si quelqu’un veut vous contraindre à un travail, faites-en le double ; si quelqu’un vous prend votre propriété, laissez-la prendre ; si on ne vous rend pas l’argent qu’on vous doit, ne le réclamez pas.

C’est pourquoi : ne jugez pas, ne plaidez pas, ne punissez pas, et vous ne serez pas jugé et puni. Pardonnez à tous, et tous vous pardonneront, car si vous jugez on vous jugera.

Vous ne devez pas juger, car tous les hommes sont aveugles et ne voient pas la vérité. Comment voulez-vous, ayant les yeux pleins de poussière, distinguer un grain de poussière dans les yeux de vos frères ? Ôtez d’abord la poussière qui est dans votre œil, car nul n’a les yeux nets. Un aveugle peut-il conduire un autre aveugle ? Tous deux tomberaient dans la fosse. Ceux qui jugent et punissent sont comme les aveugles qui conduisent les aveugles.

Ceux qui jugent et condamnent les autres à être violentés, blessés, estropiés, mis a mort, prétendent enseigner les hommes. Mais quel résultat peut donner leur enseignement sinon que l’élève imitera le maître ? Que fera-t-il sinon ce que fait le maître : violences, assassinats ?