Page:Tolstoï - La Foi universelle.djvu/212

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d’un attirail social si complexe, et les conséquences de notre cruauté nous sont si bien cachées, que rien ne nous intimide ; aussi les cruautés réciproques augmentent toujours et atteignent des limites inconnues jusqu’à ce jour.

Je suis persuadé que, de notre temps, le premier entrepreneur de travaux voulu ne serait nullement considéré comme un Néron s’il faisait creuser un étang pour le remplir de sang humain, afin que des malades riches puissent s’y baigner, suivant la prescription des médecins. On ne l’en empêcherait pas, pourvu qu’il le fasse dans des formes convenables, sans forcer les hommes à donner leur sang, mais en les mettant dans certaines conditions qui ne leur permettraient pas de subsister par d’autres moyens, et, en outre, appellerait à son aide le clergé et les savants, les uns pour bénir l’étang, comme ils bénissent les canons, les fusils, les prisons, les potences, les autres pour trouver la justification de cette institution, comme ils en ont trouvé à la guerre et à la prostitution. D’un côté, le principe de toute reli-