Page:Tolstoï - La Foi universelle.djvu/268

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seulement en ce monde, comme celle des irreligieux, mais elle vit d’une vie éternelle, infinie, pour laquelle importent aussi peu les souffrances et la mort, comme sont insignifiants pour les laboureurs la fatigue momentanée et les durillons de ses mains. Ce sont donc ces hommes qui rompront le cercle vicieux dans lequel est enfermée l’humanité. Si peu nombreux qu’ils soient, si inférieure que soit leur position sociale, si faibles qu’ils soient par l’intelligence et l’instruction, aussi vrai que le feu incendie la steppe sèche, ils incendieront le monde entier, tous les cœurs desséchés par une longue irreligion et qui ont soif de rénovation.

La religion n’est nullement l’immuable croyance au caractère surnaturel de certains faits et à la nécessité de certaines prières et rites ; elle n’est pas davantage, comme le croient les savants, un reste de superstition de l’ignorante antiquité qui n’a plus de portée ni d’application à notre époque. La religion est le rapport établi par l’homme envers la vie éternelle, envers Dieu, conformément à la raison et aux connaissances modernes, et