Page:Tolstoï - La Foi universelle.djvu/33

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sortes de questions théologiques des plus complexes : l’accord de la morale avec la théologie, l’extension ou la fixité des dogmes et autres subtilités scolastiques. Par contre, on prêche aux cent millions de la masse populaire la foi aux icônes de Kazan ou d’Ibérie, aux reliques, au diable, à la vertu salutaire des cierges, à celle de la messe des morts, etc., et non seulement on prêche et on pratique ces superstitions, mais encore on les défend jalousement contre toute atteinte. À peine un paysan a-t-il négligé d’observer une fête locale, ou n’a pas invité chez lui l’icône miraculeuse qu’on promène de maison en maison, ou travaille le vendredi d’Élie, aussitôt il est dénoncé, poursuivi, déporté. Sans parler des châtiments infligés aux sectateurs réfractaires au culte orthodoxe, on juge et on condamne pour le seul fait de se réunir et de lire l’Évangile.

Le résultat en est que des dizaines de millions d’hommes, presque toutes les femmes du peuple ignorent absolument, n’ont jamais entendu le nom même du Christ et savent encore moins ce qu’il était.