Page:Tolstoï - La Foi universelle.djvu/58

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heureux quand on ne leur enseignera plus le mensonge comme une vérité, surtout par les procédés détournés qu’on emploie ?

« Mais, — objecte-t-on encore, — l’homme du peuple est grossier et ignorant, et ce qui nous est inutile à nous, les cultivés, pourrait être utile et même nécessaire au peuple. »

Tous les hommes sont égaux et suivent la même voie en allant des ténèbres à la lumière, de l’ignorance à la connaissance, du mensonge à la vérité. Vous avez marché dans cette voie et vous êtes arrivés à reconnaître la fausseté de la foi dans laquelle vous avez été élevés. De quel droit voulez-vous donc arrêter les autres hommes dans cette marche ?

Parce que vous distinguez chez le peuple un besoin de cette foi superstitieuse, il ne s’ensuit nullement qu’il faille le satisfaire. Il est des besoins pour le vin, pour le tabac et d’autres pires encore. Doit-on chercher à les satisfaire ? Il y a plus : par toutes sortes de procédés d’hypnotisme, vous provoquez un besoin par la manifestation duquel vous voulez justifier l’œuvre que vous accomplissez. Ainsi, vous n’avez qu’à ne plus exciter ce