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Page:Tolstoï - La Foi universelle.djvu/68

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J’étais donc conduit à la conviction que l’Église, dans le sens universel de ce terme, n’existait pas.

Les chrétiens des diverses confessions se croient chacun véritable chrétien et dénient cette qualité aux autres. Chaque communauté chrétienne croit former la véritable Église et assure que seule elle est immuable, tandis que les autres sont schismatiques. Les fidèles des divers rites ne s’aperçoivent point qu’ils considèrent leur religion comme la seule véritable, non pas à raison de ce qu’elle est restée ou est devenue telle, mais parce qu’ils y sont nés ou l’ont adoptée ; ils ne s’aperçoivent nullement que les autres chrétiens prétendent à la même orthodoxie.

Il est donc évident qu’il n’y a jamais eu, qu’il n’y a pas d’Église une et indivisible ; elles se comptent, au contraire, par centaines, se renient réciproquement et chacune affirme qu’elle est l’unique, la vraie, la sainte, l’apostolique, l’universelle : « Notre Écriture est sainte, Jésus-Christ est chef de notre Église, le Saint-Esprit la guide et seule elle