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Page:Tolstoï - La Foi universelle.djvu/70

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à deux tranchants, et elles continuent à se taxer mutuellement d’hérétiques. Et voici dix-huit cents ans que ce jeu dure.

Dans nos relations quotidiennes, nous savons éviter les pièges les mieux préparés, tandis que depuis dix-huit siècles des millions d’hommes ferment les yeux sur ce mensonge religieux, et tous, aussi bien en Europe qu’en Amérique, nous tombons dans le même piège stupide : la prétendue orthodoxie de notre confession, à l’exclusion de toutes les autres.

Bien mieux : voici longtemps que les libres penseurs ont montré tout le ridicule de cette aberration. Ils ont nettement démontré que la religion chrétienne, avec toutes ses ramifications, est tombée depuis longtemps en désuétude, que l’ère d’une nouvelle religion est arrivée, et certains en ont déjà imaginé d’inédites ; mais, au lieu de les écouter et de les suivre, tous demeurent fidèles à leur exclusive croyance chrétienne : catholiques, protestants, raskolniks, mormons, orthodoxes, — ceux-là mêmes auxquels je voulais me joindre, — sont figés dans leurs dogmes.