Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Halpérine.djvu/117

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acolyte fatal de toute vie conjugale immorale, et qui est sans fin, étant sans cause. Celle-ci est comme un cancer, un mal effroyable qui vous ronge jour et nuit, nuit et jour. Elle est épouvantable, réellement épouvantable !

En voulez-vous un exemple ? Un jeune homme parle à ma femme, la regarde en souriant et, à ce qu’il me paraît, examine son corps. D’où lui vient cette audace de penser à ma femme, à la possibilité d’un roman avec elle ? Et comment elle qui le voit peut-elle souffrir pareille chose ?

Non seulement elle la tolère, mais elle m’en paraît fort aise. Tout ce qu’elle fait même, je le remarque, elle le fait pour lui. En mon cœur naît alors une haine si féroce que toutes ses paroles, tous ses gestes me dégoûtent. Elle s’en aperçoit et est embarrassée, elle feint l’indifférence. Je souffre ! et la voilà gaie, joyeuse ! Ma haine augmente, et