Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Halpérine.djvu/127

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ments. Mais cela était peut-être pour le mieux, car la catastrophe a été retardée. Les enfants nous ont sauvés pour quelque temps. Pendant huit ans ma femme a mis au monde cinq enfants qu’elle allaita elle-même.

— Et où sont actuellement vos enfants ? demandai-je. Je veux dire…

— Les enfants ? s’écria-t-il, et ses yeux s’allumèrent.

— Pardon, j’ai peut-être éveillé quelques souvenirs pénibles ?

— Non, non, du tout… La famille de ma femme s’est chargée des enfants. Je leur aurais abandonné ma fortune pour pouvoir moi-même élever mes enfants, mais comme je passe pour être fou, on m’en a refusé la garde. C’est malheureux, car je les aurais élevés de manière à ne pas ressembler à leurs parents… Au reste, il vaut peut-être mieux qu’il en soit ainsi, car je ne suis plus bon à rien.