Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Halpérine.djvu/136

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Je n’ai pas à ajouter qu’il est impossible d’engager une conversation sans qu’à l’endroit le plus sérieux Pierre ne fasse invasion dans la chambre pour demander si on veut lui donner une pomme, quel costume il doit mettre, ou sans que la nourrice entre avec un bébé qui pleure. La vraie vie de famille n’existe plus. Toutes nos actions, toute notre manière d’être dépendent de la santé des enfants. Et la santé des enfants ne dépend de personne au monde ; aussi, toute notre vie peut-elle être anéantie par les médecins qui se prétendent les dispensateurs de la santé. Ce n’est pas une existence. On est continuellement sur le qui-vive ; un danger succède à un autre, on double ses efforts pour mieux se défendre : on se trouve dans la position d’un navire qui sombre.

J’ai cru parfois que les craintes de ma femme pour les enfants étaient fictives, pour