Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Halpérine.djvu/172

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mon cabinet et me remettre à fumer.

Ma tête est toute bouleversée des milliers de plans que je forme. Comment me venger d’elle ? Comment m’en défaire ? Quel moyen de parer aux éventualités ? Je remue toutes ces idées et je fume toujours, je fume, je fume. Je songe à la quitter, à me cacher, à fuir en Amérique. J’allai jusqu’à penser comme il serait beau d’être débarrassé d’elle, de posséder une autre femme, belle, jeune, nouvelle ! Mais, pour être libre, il faut sa mort ou le divorce ; comment atteindre ce but ?

Mes idées se troublaient, je le sentais, et, pour ne point m’apercevoir que mes pensées s’engageaient dans une mauvaise voie, je me mis à fumer de plus belle. Le train-train de la maison continue. La gouvernante vient demander où est madame, quand elle rentrera ; le domestique, s’il doit servir le thé. J’entre dans la salle à manger ; les enfants y