Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Halpérine.djvu/179

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cible me porta à ne point le congédier et à l’admettre au contraire chez moi. Il m’eût été aisé de n’échanger avec lui que quelques mots, de l’éloigner par ma froideur et de ne point le présenter à ma femme. Mais non ! Comme à dessein, je lui parlai de son jeu de violoniste. Il répliqua en disant qu’on avait tort d’affirmer qu’il avait abandonné le violon, qu’il en jouait avec plus d’ardeur qu’avant. Il me rappela qu’autrefois je jouais aussi du violon ; je lui dis que j’y avais renoncé mais que ma femme était bonne musicienne.

Il est à remarquer que dans certaines phases importantes de notre existence, dans celles où le sort d’un homme se décide, comme il s’est décidé pour moi ce jour-là, il n’y a ni passé ni futur. Mes relations avec Troukhatchevsky furent telles, dès le premier moment, qu’elles