Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Halpérine.djvu/188

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rice, elle me déshonore. Je voulais faire un esclandre, je ne voyais pas ma route. La nourrice me regardait comme si, me comprenant, elle eût voulu me conseiller d’avoir l’œil. Il fallait entrer cependant. J’ouvris la porte, inconscient. Il était assis au piano et faisait des arpèges avec ses longs doigts recourbés. Elle était debout au coin du piano, devant les cahiers ouverts. Elle m’avait vu ou entendu la première et jeta un regard sur moi. Fut-elle ou non saisie ou fit-elle semblant de ne pas l’être ?… Ce qui est certain, c’est qu’elle ne tressaillit pas, elle ne bougea pas, elle rougit un peu seulement, mais plus tard.

— Que je suis heureuse que tu sois venu. Nous ne savons encore ce que nous jouerons dimanche, dit-elle sur un ton qui ne lui était pas habituel dans nos tête-à-tête.

Ce ton, ce « nous », m’indignèrent. Je le