Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Halpérine.djvu/198

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degré, me laisser aller à quelque acte de brutalité. J’éprouvais comme un besoin de la battre, de l’assommer, mais je savais que cela ne se pouvait pas et je me contins. Je m’élançai vers mon bureau, je pris un presse-papiers et je le jetai sur le plancher, à ses côtés. J’avais visé de façon à la raser avant qu’elle ait pu se cacher. Je faisais tout cela de manière à ce qu’elle le vît. Je pris un chandelier et l’envoyai rejoindre le presse-papiers ; j’arrachai le thermomètre du mur, toujours hurlant :

— Va-t’en ! Va-t’en ! Je ne réponds pas de moi !

Elle partit, je me calmai aussitôt.

Quelques minutes après, la nourrice vint me dire que sa maîtresse avait une attaque d’hystérie. J’allai la voir. Elle sanglotait, riait, incapable d’articuler un mot et tremblant de tout son corps. Ce n’était pas une