Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Halpérine.djvu/217

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promenade sans but, que j’irais ainsi jusqu’au bout du monde, tant que je vivrais. Quelle joie de m’oublier ainsi ! Quand je songeais au but du voyage, je me disais : « Tu sauras à quoi t’en tenir, à quoi bon y penser maintenant ? »

À moitié route, je fus distrait par un incident. Le tarantass tout neuf se brisa ; il fallut le réparer. La recherche d’un abri, les réparations, le paiement, le thé à l’auberge, la causette avec le portier, tout cela fut pour moi une diversion agréable. Le soir, une fois tout terminé, je repris mon voyage, plein de nouveaux attraits.

La lune était à son premier quartier, il gelait un peu, les chemins étaient bons, les chevaux vifs, le postillon bavard. J’allais ainsi, le cœur content, peu préoccupé de ce que j’allais trouver. Peut-être aussi en avais-je l’intuition et ma gaieté venait-elle de ce