Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Halpérine.djvu/238

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le poignard caché derrière le dos. Tout à coup, d’un ton d’indifférence vraiment ridicule en cet instant, il dit :

— Nous venons de faire un peu de musique.

— Quelle surprise ! ajouta-t-elle sur le même ton.

Ils n’osèrent continuer. Je fus saisi de la même fureur qui m’avait dominé huit jours plus tôt ; j’éprouvai de nouveau le besoin de laisser libre cours à ma violence, je sentis les délices de cette fureur et je m’y laissai aller complètement.

Tous deux arrêtèrent court, se donnant ainsi un démenti à eux-mêmes. Je me précipitai sur elle, cachant toujours mon poignard, pour bien choisir l’endroit où je la frapperais. Il remarqua mon mouvement et, ce à quoi je ne m’attendais pas de sa part, il se jeta vers moi, me saisit par le bras et s’écria :