Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Halpérine.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nos soirées. Dès qu’un jeune homme s’approche d’une femme, le voilà pris par ses charmes et adieu le raisonnement !

J’ai toujours éprouvé un sentiment de gêne en voyant ma femme en grande toilette, une fille du peuple à foulard rouge et à jupons bien empesés, une jeune fille du monde en toilette de bal. Aujourd’hui, c’est encore plus terrible pour moi. J’y vois un danger pour les hommes, quelque chose de contraire à la nature. J’ai toujours envie d’appeler la police, de demander du secours pour éloigner ce péril, pour faire enlever de ma vue l’objet dangereux.

Et je ne ris pas ! Je suis persuadé qu’un jour viendra, pas si éloigné peut-être, où l’on se demandera avec stupéfaction comment il s’est trouvé une époque où l’on permettait des actions susceptibles de jeter autant de trouble dans le repos de la société que le font