Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Halpérine.djvu/82

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— Sans doute, autrement nous n’existerions pas.

— Et pourquoi faut-il que nous existions ?

— Pourquoi ? Pour vivre !

— Pour vivre ? Schopenhauer, Hartmann et les bouddhistes ne prétendent-ils pas que le vrai bonheur est dans la non existence ? Et ils ont parfaitement raison de dire que le bonheur de l’humanité est dans sa destruction. Ils ne le disent pas aussi nettement ; ils disent que l’humanité doit se détruire pour chasser la souffrance, que son but est sa propre destruction. C’est une erreur. Le but de l’humanité ne peut pas être de se délivrer du mal par l’anéantissement de soi-même, car le mal est le résultat de l’activité. Le but de cette activité ne peut pas être l’anéantissement des effets qu’elle produit. Le but de l’homme, comme de l’humanité entière, est