Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Halpérine.djvu/98

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douter, mais je n’en sais rien, je ne parle que de mon expérience propre. — « Le vin, les femmes et les chansons », disent les poètes.

Le vin, les femmes et les chansons ! Est-ce bien vrai ? Prenez la poésie de tous les âges, la peinture, la sculpture, les vers légers de notre poète, les Phrynés, les Vénus, toutes les nudités ; partout et toujours la femme nous paraît être un objet de plaisir, à la Trouba, à la Gratchevka[1], aux bals de la cour. C’est une ruse d’enfer.

D’abord viennent les porte-drapeau de l’adoration de la femme, — ils l’adorent et ne la considèrent que comme un objet de plaisir ! — Puis on a, de nos jours, le respect de la femme, on lui cède sa place, on ramasse

  1. La Trouba est une promenade de Moscou où se trouve un restaurant de premier ordre et bien fréquenté, l’Ermitage. La Gratchevka est un couvent dans une rue avoisinant la clinique de l’École de Médecine.