Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Pavlovsky.djvu/238

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sans perdre une minute, et poursuivant un but défini.

La première chose que je fis, ce fut d’ôter mes bottes, et quand je n’eus plus que mes chaussettes, je m’avançai vers le mur, sur le canapé, où j’avais suspendu des armes à feu et des poignards, et je décrochai un poignard recourbé de Damas, qui ne m’avait jamais servi, à la lame très aiguë. Je l’ôtai du fourreau ; je me rappelle que le fourreau glissa sur le canapé et que je me dis : « Il faudra le retrouver après, il ne faut pas qu’il soit perdu. »

Puis j’ôtai mon pardessus, que j’avais gardé tout le temps, et marchant à pas de loup, je me dirigeai vers là-bas. Je ne me rendis pas compte comment je marchai, si je courus ou si j’allai lentement, à travers quelles chambres je passai, comment je me rapprochai de la salle à manger, comment j’ouvris la porte, comment j’entrai, — je ne me souviens de rien.