Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Pavlovsky.djvu/48

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au dehors, la famille n’en est pas augmentée, mais la femme, l’épouse, c’est un vase fragile, continua sévèrement le marchand.

Son intonation autoritaire subjuguait évidemment les auditeurs. La dame même se sentait écrasée, mais elle ne se rendait pas.

— Oui, mais vous consentirez, je pense, que la femme soit un être humain et ait des sentiments comme son mari. Que doit-elle faire si elle n’aime pas son mari ?

— Elle ne l’aime pas ! répéta orageusement le vieillard en fronçant les sourcils. Allons donc ! on le lui fera aimer !

Cet argument inattendu plut au commis et il émit un murmure approbatif.

— Mais non, on ne la forcera pas, dit la dame, là où il n’y a pas d’amour on n’obligera personne d’aimer malgré soi.

— Et si la femme trompe son mari, que faire ? fit l’avocat.

— Cela ne doit pas être, dit le vieux… Il faut y avoir l’œil.