Page:Tolstoï - Le Faux Coupon et autres contes.djvu/114

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


APRÈS LE BAL

(Récit)


VOUS dites qu’un homme ne peut comprendre par soi-même ce qui est bien et ce qui est mal, que tout dépend du milieu, que le milieu façonne l’homme. Et moi je pense que tout tient au hasard… Tenez, je vous raconterai quelque chose qui m’est arrivé…

Ainsi parlait le très respecté Ivan Vassilievitch, après une conversation dont le sujet était que, pour le perfectionnement individuel, il faut avant tout changer les conditions dans lesquelles vivent les hommes. À vrai dire, aucun de nous n’avait prétendu qu’on ne peut comprendre par soi-même ce qui est bien et ce qui est mal, mais c’était l’habitude d’Ivan Vassilievitch de répondre à ses propres pensées, suggérées par la conversation, et à ce propos de raconter les épisodes de sa propre vie. Souvent il oubliait complètement son point de départ, et se laissait entraîner par son récit, d’autant plus qu’il racontait avec beaucoup de sincérité et de vérité.

Cette fois ce fut la même chose.

— Je vous parlerai d’après ma propre expérience. Toute ma vie a été influencée, non par le milieu, mais par tout autre chose.