Page:Tolstoï - Le Faux Coupon et autres contes.djvu/137

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— Oh ! pas mal… Ce n’est rien.

Il voulut se lever mais ne le put et sourit. On le transporta dans la loge du portier. Un infirmier vint l’examiner et lui demanda d’où il souffrait.

— J’ai mal partout, mais ce n’est rien… Seulement, voilà, le patron va être fâché… Il faudra le faire savoir à mon père.

Alexis était couché depuis deux jours. Le troisième jour on envoya chercher le prêtre.

— Quoi ! Est-ce que tu vas mourir ? dit Oustinia.

— Eh bien ! Quoi ? On ne peut pas vivre toujours. Il faut bien qu’un jour… prononça Aliocha rapidement, comme à son habitude. — Merci, Oustinia, d’avoir été bonne pour moi… Tu vois, c’est tant mieux qu’on ne nous ait pas permis de nous marier. Autrement, qu’est-ce que ce serait ?… Maintenant ça va bien…

Il pria avec le prêtre, mais comme toujours avec ses mains et son cœur. Et dans son cœur il sentait que de même qu’on est bien, ici-bas, quand on obéit et ne fait pas le mal, de même on sera bien là-haut.

Il parlait peu, demandait seulement à boire, et s’étonnait de quelque chose.

Il s’étonna de quelque chose, s’étira et mourut.