Page:Tolstoï - Le Faux Coupon et autres contes.djvu/333

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apporter de préméditation et préparer d’avance un nouveau rendez-vous.

Ainsi passa tout l’été, pendant lequel ils se rencontrèrent une dizaine de fois et toujours par l’intermédiaire de Danilo. Une fois, elle ne put venir parce que son mari venait d’arriver. Danilo proposa une autre femme. Eugène refusa avec dégoût. Puis le mari partit et les rencontres eurent lieu comme auparavant, d’abord par l’intermédiaire de Danilo, puis enfin lui-même fixa le jour, et elle venait accompagnée d’une femme, Prokhorova, parce qu’une femme ne peut aller seule.

Un jour, juste au moment fixé pour le rendez-vous, Marie Pavlovna reçut la visite de la famille d’une jeune fille qu’elle désirait faire épouser à son fils, et il fut impossible à Eugène de sortir. Dès qu’il put s’esquiver, il feignit d’aller à la grange, puis par un petit sentier il courut dans le bois, au lieu du rendez-vous. Elle n’y était pas, mais à l’endroit habituel, tout ce que la main pouvait atteindre était brisé ; les noisetiers, les merisiers, même les jeunes platanes. Elle l’avait attendu, s’était énervée, puis fâchée, et avait cassé tout cela pour qu’il se souvînt. Il resta là un moment, puis alla chez Danilo et lui demanda de la faire venir le lendemain. Elle vint exactement et fut comme toujours.

Ainsi se passa l’été. Les rendez-vous avaient toujours lieu dans le bois et une fois seulement, à l’approche de l’automne, dans la grange près de la maison.

Il ne venait même pas en tête à Eugène que ces rapports pouvaient avoir pour lui une importance quelconque. Pour ce qui était d’elle, il n’y pensait