mit ni à lire ni à écrire des lettres, mais s’assit et commença à fumer une cigarette après l’autre, en réfléchissant. Ce qui l’étonnait et l’attristait horriblement, c’était le sentiment mauvais qui, tout à fait inopinément, s’était manifesté en lui, et dont il se croyait délivré depuis son mariage. En effet, depuis, il n’avait pas éprouvé une seule fois ce sentiment, ni pour Stepanida, ni pour n’importe quelle femme hormis la sienne. Dans son âme, plusieurs fois, il s’était réjoui de cette délivrance, et voilà que tout d’un coup, par hasard, il reparaissait et lui révélait qu’il n’était pas affranchi. Maintenant il était tourmenté, non de l’emprise nouvelle de ce sentiment, non du désir, — à cela il ne voulait pas même penser, — mais du fait qu’il était vivant en lui, et qu’il fallait y prendre garde. Dans son âme il n’y avait point de doute pour la victoire sur ce sentiment.
Il devait écrire une lettre et rédiger un document. Il s’assit devant sa table à écrire et commença à travailler. Son travail terminé, et ayant complètement oublié ce qui l’avait troublé, il sortit pour passer à l’écurie ; et de nouveau, comme par un fait exprès, ou un hasard malheureux, à peine était-il sorti sur le perron que parut la jupe rouge, le fichu rouge ; et en balançant les bras et se dandinant, elle passa devant lui. Non seulement elle passa, mais courut en le dépassant, comme si elle eût joué avec lui, et rejoignit sa compagne. De nouveau s’offrirent à son imagination le midi brillant, les orties, Danilo, la hutte du garde champêtre, et, dans l’ombre des platanes, la bouche souriante qui mordillait des feuilles.
« Non, c’est impossible de laisser cela ainsi, » se dit-il, et, ayant attendu que les deux femmes