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Page:Tolstoï - Le Faux Coupon et autres contes.djvu/41

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parce qu’ils avaient volé un paysan. — « C’est un péché, disait-il. — Pour un paysan le cheval est comme un frère. Et toi, tu le prives de tout. Si l’on vole, alors ce sont les maîtres qu’il faut voler ; les chiens ne méritent pas davantage. »

La conversation se poursuivit, et les paysans de Podolsk objectèrent que c’est difficile de voler des chevaux chez les propriétaires, car il faut pour cela connaître toutes les issues, et que si l’on n’a personne sur place on ne peut rien faire. Alors Ivan Mironoff se rappela Sventitzky, chez qui il avait travaillé un certain temps. Il se rappela que Sventitzky lui avait retenu un rouble cinquante pour un objet cassé. Il se rappela les chevaux, qu’il employait au travail.

Sous prétexte de se faire embaucher, mais en réalité afin de bien voir tout et d’apprendre ce qu’il avait besoin de savoir, Ivan Mironoff alla chez Sventitzky. Ayant appris tout ce qui l’intéressait : qu’il n’y avait pas de gardien, et que les chevaux restaient à l’écurie, il amena les voleurs et manigança toute l’affaire,

Après avoir partagé le butin avec les paysans de Podolsk, Ivan Mironoff, ayant cinq roubles en poche, retourna à la maison. Là, il n’y avait rien à faire ; il n’avait plus de cheval ; et depuis ce moment Ivan Mironoff s’aboucha avec les voleurs de chevaux et les Bohémiens.


XI


Piotr Nikolaievitch Sventitzky faisait tout son possible pour trouver le voleur. Sans la complicité