beaucoup de monde, et à cause de son infirmité qui l’obligeait à rester toujours assis, il était enclin à réfléchir. Après la semaine passée à travailler chez Marie Sémionovna, il ne pouvait s’étonner assez de sa vie. Un jour elle vint pour laver des serviettes dans la cuisine où il travaillait, et elle se mit à causer avec lui de sa vie. Il raconta que son frère le maltraitait et qu’il s’était séparé de lui.
— Je pensais que cela serait mieux, et c’est toujours la même misère.
— Il vaut mieux ne pas changer et vivre comme on vit, dit Marie Sémionovna ; oui, vivre comme on vit.
— Je t’admire, Marie Sémionovna. Tu es seule pour t’occuper de toutes les affaires, pour les soigner tous, et je vois que tu n’as pas grand-chose de bon de leur part.
Marie Sémionovna ne répondit rien.
— Tu as probablement lu dans les livres qu’il y aura pour cela une récompense dans l’autre monde.
— Cela, nous ne le savons pas, dit Marie Sémionovna ; mais seulement il vaut mieux vivre ainsi.
— Est-ce qu’il y a cela dans les livres ?
— Oui, répondit-elle, il y a cela. Et elle lui lut, dans l’évangile, le Sermon sur la Montagne.
Le tailleur devint pensif, et quand il reçut son compte, il retourna chez lui toujours pensant à ce qu’il avait vu chez Marie Sémionovna, à ce qu’elle lui avait dit et lui avait lu.