Page:Tolstoï - Le Prince Nekhlioudov.djvu/125

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tilleuls, le crâne chauve du vieux Doutlov luisait au soleil. Ayant entendu le grincement de la petite porte, le vieillard se retourna, essuya du pan de sa blouse la sueur qui inondait son visage tanné par le soleil, et vint à la rencontre du barine en ébauchant un timide sourire.

Tout dans ce rucher semblait léger, joyeux, doux, transparent. Ce petit vieillard courbé, aux rides en rayons autour des yeux, aux pieds nus dans de grands souliers, avait un air si bonhomme, si content, si accueillant que Nekhlioudov en oublia toutes ses mauvaises impressions de la matinée pour ne plus songer qu’à la réalisation de son rêve. Il voyait déjà tous ses paysans aussi riches et aussi bons que le vieux Doutlov : déjà tout le monde lui souriait de la même manière, avenants et satisfaits, car c’était à lui seul que tous devaient la richesse et le bonheur.