Page:Tolstoï - Le Prince Nekhlioudov.djvu/157

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dans la forêt, bordant les deux côtés de la route.

— Aïe ! aïe ! criait le yamstchik de devant d’une voix claire. Il était coiffé d’un chapeau de feutre orné d’une plaque et brandissait un knout au-dessus de sa tête. Il revoyait Karp avec sa barbe rousse, chaussé d’énormes bottes, marchant morne et lourd, à côté de la première voiture, la jolie tête d’Iliouchka émergeant de la seconde. Les trois troïkas de la poste, chargées de malles, passaient au galop avec un grand bruit de roues, de clochettes et de cris. Iliouchka cachait sa tête sous la toile d’écorce et s’endormait.

Il rêvait encore d’un beau soir d’été. La porte charretière de l’auberge s’ouvrait devant les troïkas poudreuses ; les voitures aux toiles d’écorce disparaissaient l’une après l’autre sous le porche, en faisant trépider