Page:Tolstoï - Le Prince Nekhlioudov.djvu/205

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s’approcha du petit homme, lui regarda le sommet de la tête, et sourit. J’avais déjà amassé toute une provision de colère contre les gens du Schweitzerhof, colère que je n’avais pu déverser jusque-là sur personne. Les provocations de ces laquais me surexcitèrent au plus haut degré.

En ce moment, le portier entra dans la salle. Sans ôter sa casquette, il vint s’asseoir à côté de moi et s’accouda sur la table. Cette dernière audace, qui froissait directement mon amour-propre, me mit hors de moi et provoqua l’explosion de colère qui se préparait depuis le commencement de la soirée. Pourquoi, quand je passais seul sur le perron, me saluait-il si humblement ? Pourquoi, à présent que j’étais avec un chanteur ambulant, s’installait-il aussi familièrement à mes côtés ? Et je sentis sourdre cette bouillante colère qui me plaît au point que