Page:Tolstoï - Le Prince Nekhlioudov.djvu/226

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naître dans la multitude enchevêtrée des faits passagers ? Qui donc a l’esprit assez vaste pour pouvoir, dans le passé immobile, embrasser les faits et les peser ? Qui donc a vu un état où le bien et le mal ne soient pas mélangés ? Comment puis-je dire que j’aperçois l’un plutôt que l’autre, sinon à cause de l’endroit où je me trouve placé ? Qui peut se détacher par l’esprit assez complètement de la vie pour la regarder de haut avec indépendance : un guide, un seul guide infaillible existe. C’est l’esprit universel qui nous anime tous, chacun isolément, en mettant en nous la tendance au but que nous devons poursuivre.

C’est le même esprit qui ordonne à l’arbre de pousser vers le soleil, aux fleurs de jeter leur semence à l’automne, à nous de nous rapprocher inconsciemment les uns des autres ! Et cet esprit infaillible domine le