Page:Tolstoï - Le Prince Nekhlioudov.djvu/231

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billard, en comptant les coups : Dix et quarante-huit, douze et quarante-huit… On sait quel travail est le nôtre. On n’a pas eu le temps d’avaler un morceau, on n’a pas dormi de deux nuits… N’importe ! Il faut crier les points et sans cesse retirer les billes de la blouse. Et compte, et regarde… Un nouveau barine entre, jette partout un coup d’œil, s’assied sur le divan. Bon.

Qui peut-il être ? Et quelle est sa situation ? me dis-je, à moi-même.

Il est vêtu élégamment, si élégamment, qu’il semble sortir de chez son tailleur : pantalon à larges carreaux, veston court à la mode, gilet de peluche, chaîne de montre en or, avec nombreuses breloques.

Il est vêtu élégamment et sa personne est encore plus élégante que ses habits. Il est mince, de haute taille, il a les cheveux frisés sur le devant, à la dernière mode ; son