Page:Tolstoï - Le Prince Nekhlioudov.djvu/254

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billard, soit en haut. Alors, j’ai pensé : « Pourquoi les autres s’enrichiraient-ils, tandis que je resterais comme cela ? »

— Pourquoi, Monsieur, n’avez-vous pas joué avec moi depuis longtemps ?

Et nous nous sommes mis à jouer.

Lorsque je lui eus gagné une douzaine de demi-roubles, je lui dis :

— Voulez-vous doubler ?

Il ne répondit rien. Il était loin du temps où il m’appelait imbécile ! Et nous nous mîmes à jouer, quitte et quitte, et je lui gagnai ainsi soixante-dix roubles. Eh bien, il s’habitua à jouer tous les jours avec moi. Il attendait qu’il n’y eût personne, car on comprend qu’il aurait été honteux de jouer avec un marqueur. Un jour qu’il s’était emporté et qu’il avait déjà perdu soixante roubles il me dit :

— Veux-tu que nous doublions ?