Page:Tolstoï - Le Prince Nekhlioudov.djvu/257

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— Petr, reprit-il. Doublons le tout ?

Il pleurait presque.

Je répondis :

— Pourquoi jouer encore, Monsieur ?

— Jouons, je t’en prie.

Et il me tendit la queue. Je la pris et je jetai les billes sur le tapis avec une telle rage qu’elles sautèrent toutes hors du billard et s’en allèrent rouler sur le parquet. Vous comprenez ! Il faut bien faire le malin. Je dis :

Va, Monsieur.

Il avait une telle hâte de jouer qu’il ramassa lui-même une bille. Je pensai alors : « Je n’aurai jamais mes sept cents roubles. Essayons de les perdre. » Et, exprès, je jouai mal. Qu’en pensez-vous ?

— Pourquoi fais-tu exprès de jouer mal ?

Ses mains tremblaient. Quand la bille