Page:Tolstoï - Le Prince Nekhlioudov.djvu/29

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rire imperceptible, en frappant alternativement de ses pieds nus, noirs de crasse, la terre battue.

Mais il disait cela d’un ton si tranquille et d’un air si hardi qu’on avait peine à croire qu’il n’eût point osé s’adresser au barine.

— C’est notre sort de moujiks… Nous n’osons jamais, commençait la baba en sanglotant.

— Veux-tu te taire ! lui dit de nouveau Tchouricenok.

— Enfin, tu ne peux vivre dans une pareille izba, dit Nekhlioudov après un assez long silence. Voici ce que nous allons faire, frère…

— J’écoute, fit Tchouricenok.

— As-tu vu les izbas de pierre que j’ai construites dans le nouveau village et dont les murs sont vides ?

— Comment donc ? Certainement, je les