Page:Tolstoï - Le Prince Nekhlioudov.djvu/45

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d’une voix forte en caressant de sa paume rugueuse les cheveux blond d’épi du petit garçon. Combien de temps me faudra-t-il encore attendre ? Car moi je n’ai plus la force de travailler. L’âge ne serait rien encore, mais une hernie m’interdit toute fatigue. Quand le temps est mauvais, je souffre à crier. Oui, il y a déjà longtemps que j’aurais dû me reposer. Voyez Ermilov, Demkine, Ziabrev, tous plus jeunes que moi : ils ne travaillent plus depuis des années. Moi, je n’ai personne qui puisse me remplacer, et voilà : je me démène, Votre Excellence.

— Je serais bien heureux de t’aider… Mais comment faire ? dit le jeune barine, en fixant sur le paysan son regard apitoyé.

— Comment m’aider ? la chose est simple. Quand on a de la terre, on n’en est point quitte en la cultivant. Il faut aussi faire la