Page:Tolstoï - Le Prince Nekhlioudov.djvu/50

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pir. De plus, nous sommes malheureux avec le bétail ; voilà six ans qu’il ne peut vivre. L’été dernier un de mes veaux est mort ; j’ai dû vendre l’autre, faute de pouvoir le nourrir. L’année précédente, j’avais perdu une excellente vache. Quand on l’amena du troupeau, elle n’avait rien. Tout à coup, elle dépérit, et la vapeur est sortie… C’est toujours mon malheur.

— Eh bien, frère, pour que tu ne dises plus que tu n’as pas de bétail parce que tu n’as pas de quoi lui donner à manger, et que tu n’as pas de nourriture parce que tu n’as pas de bétail, voici pour t’acheter une vache.

Et, rougissant, Nekhlioudov tira de sa poche un paquet de billets froissés.

— Achète-toi une vache ; je te porterai peut-être chance. Tu prendras dans mon aire de quoi la nourrir ; je donnerai des or-