Page:Tolstoï - Le Prince Nekhlioudov.djvu/52

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n’es pas paresseux. Tu travailleras, je t’aiderai et, avec le secours de Dieu, tu te relèveras.

— Me relever, votre Excellence ! répondit Tchouricenok d’un ton sérieux, sévère même, comme s’il eût été mécontent que le barine supposât qu’il pourrait se relever. Du temps que mon père vivait, nous vivions ensemble, mes frères et moi, et rien ne nous manquait ; mais, depuis qu’il est mort et que nous nous sommes séparés, celui va de plus mal en plus mal. Voilà ce que c’est que d’être seul !

— Pourquoi vous êtes-vous séparés ?

— Eh ! c’est la faute des babas, Votre Excellence. Votre grand-père n’était plus de ce monde, car s’il avait vécu à cette époque, nous ne l’aurions pas osé. Il y avait de l’ordre, alors. Le défunt barine était comme vous ; il s’occupait lui-même de nos affaires,