Page:Tolstoï - Le Prince Nekhlioudov.djvu/73

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ment vivrons-nous ?… Pas de pain, défense de vendre… dit-il avec un tremblement de lèvres et en jetant tout à coup un coup d’œil insolent sur le barine. Il faut mourir de faim, alors !

— Prends garde, frère ! s’écria Nekhlioudov qui pâlit et sentit gronder en lui une violente colère. Des moujiks comme toi, je ne le souffrirai pas ici. Cela ira mal.

— Ce sera la volonté de Votre X’ence, répondit le moujik en fermant les yeux avec une apparente soumission. Si je n’ai pas pu vous plaire… Pourtant, je crois qu’on n’a remarqué aucun vice en moi… Mais cela se comprend, si je ne plais pas à Votre X’ence… Il en sera comme vous voudrez. Seulement, je ne sais pas pourquoi je dois souffrir.

— Voici pourquoi : d’abord, parce que ta cour n’est pas en ordre. Ton fumier est en-