Page:Tolstoï - Le Prince Nekhlioudov.djvu/91

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Davidka ne bougea ni ne répondit.

— Eh bien, réponds donc !

Davidka poussa un sourd mugissement et ses cils blancs s’agitèrent lentement.

— Il faut travailler, mon frère. Si tu ne travailles pas, que t’arrivera-t-il ? Voilà que tu manques de pain, à présent. Tout cela, pourquoi ? Parce que ta terre est mal labourée, la semence n’y a pas été déposée au bon moment. Tout cela, par paresse… Tu me demandes du pain. Soit, je t’en donnerai, car on ne peut pas te laisser mourir de faim. Mais cela ne devrait pas se faire. Quel pain te donnerai-je ? Qu’en penses-tu ? À qui est-il ? Réponds donc ! À qui est le pain que je te donnerai ?

— Au seigneur, murmura Davidka en levant sur le barine ses yeux timides et interrogateurs.

— Et ce pain du seigneur, d’où vient-il ?…