Page:Tolstoï - Le Prince Nekhlioudov.djvu/96

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mange bien le pain ; mais, du travail, on en a de lui autant que de ces poutres pourries. Il ne sait que dormir sur le poêle, ou se tenir debout, occupé comme maintenant à gratter sa tête d’imbécile, déclara-t-elle en imitant son fils. — Peut-être, mon petit père, pourras-tu, toi, lui faire peur. Je te le demande pour l’amour de Dieu. Punis-le, envoie-le à l’armée. Au moins, ce sera tout à fait fini. Je n’ai plus la force de lutter contre lui, voilà !

— Eh bien, n’as-tu pas honte, Davidka, de faire parler ta mère ainsi ! fit Nekhlioudov au moujik d’un ton de reproche.

Davidka se tenait coi.

— Je comprendrais encore cela s’il était malade, reprit Arina avec une grande vivacité de paroles et de gestes. Au contraire, à le voir, on le prendrait pour un pourceau engraissé. Il peut donc travailler. Eh bien