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Page:Tolstoï - Le salut est en vous.djvu/106

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rieures, la considèrent comme quelque chose de suranné, n’ayant plus de valeur aujourd’hui pour nous.

D’après ces hommes de science, cette doctrine, qui consiste seulement dans ses dogmes — la Trinité, la Rédemption, — dans ses miracles, son église, ses sacrements, etc, n’est qu’une des nombreuses religions que l’humanité a fait naître, et elle finit son temps aujourd’hui, après avoir joué son rôle dans l’histoire, disparaissant devant la lumière de la science et de la civilisation.

Or il arrive, ce qui a lieu dans la majorité des cas et devient une source de grossières erreurs, que les hommes d’un degré intellectuel inférieur rencontrent des phénomènes d’un ordre supérieur, et que, au lieu de se placer à un point de vue assez élevé pour les juger sainement, ils les expliquent à leur point de vue inférieur, et cela, avec d’autant plus de hardiesse qu’ils ne comprennent pas ce dont ils parlent.

Pour le plus grand nombre des savants, qui examinent la doctrine morale vivante du Christ au point de vue inférieur de la conception sociale de la vie, cette doctrine n’est qu’une sorte d’amalgame sans cohésion d’ascétisme indou, de doctrines stoïques et néo-platoniciennes et de rêveries antisociales utopiques qui n’ont pas de portée sérieuse pour notre époque ; et tout se concentre pour eux dans les manifestations extérieures : le catholicisme, le protestantisme, les dogmes, la lutte contre le pouvoir séculier. En définissant la signification du christianisme d’après de pareilles manifestations, ils ressemblent à des sourds qui jugeraient de la valeur et de la portée de la musique d’après les mouvements des musiciens.

Il s’ensuit que tous ces hommes, en commençant par Kant, Strauss, Spencer et Renan, sans comprendre le sens des paroles du Christ, sans comprendre pourquoi