Page:Tolstoï - Le salut est en vous.djvu/118

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l’amour n’en est pas un dans le sens propre du mot, mais l’expression du sens même de la doctrine), les cinq commandements du Sermon sur la Montagne, sont tous négatifs et n’indiquent que ce que, à un certain degré de développement de l’humanité, les hommes doivent déjà ne pas faire. Ces préceptes sont en quelque sorte comme des points de ralliement sur la voie infinie de la perfection vers laquelle marche l’humanité, et les degrés de perfectionnement accessibles à une certaine période de développement.

Dans le Sermon sur la Montagne, le Christ a montré à la fois l’idéal éternel auquel les hommes doivent tendre, et les degrés qu’ils peuvent déjà atteindre à notre époque.

L’idéal, c’est ne pas désirer faire du mal, ne pas provoquer la malveillance, ne détester personne. Quant au précepte indiquant le degré au-dessous duquel on ne peut pas descendre pour atteindre cet idéal, il est dans l’interdiction d’offenser les hommes par la parole. Et c’est là le premier commandement.

L’idéal est la chasteté absolue, même dans la pensée. Le commandement indiquant le degré au-dessous duquel on ne peut descendre, c’est la pureté de la vie conjugale, l’éloignement de la débauche. Et c’est là le deuxième commandement.

L’idéal, c’est de ne pas s’inquiéter de l’avenir, de vivre pour l’heure présente. Le commandement indiquant le degré au-dessous duquel on ne peut pas descendre, c’est de ne pas jurer, de ne rien promettre pour l’avenir. Et c’est là le troisième commandement.

L’idéal est de ne jamais employer la violence dans aucun but. Le commandement indiquant le degré au-dessous duquel on ne peut pas descendre, c’est de ne pas rendre le mal pour le mal, de souffrir l’offense, de